A la mémoire de mon père

Henry Dody est né à Lyon en 1936.

Son enfance se passe dans un pensionnat catholique dont il ne garde que peu de bons souvenirs. Son adolescence est un peu décousue, très tôt il devient commis en hôtellerie .

A 17 ans, il contracte la tuberculose et est envoyé en sanatorium sur le plateau d’Assy. C’est là qu’il découvre la peinture par un atelier d’initiation à la peinture crée par Hélène Cartan (sœur d’Elie Cartan).

Il y découvre les œuvres de Soutine, Chagall, Miro, Van gogh . Il se forme à la technique chez des peintres reconnus, mais ne peut se plier à l’aspect formel qu’on cherche à lui inculquer.

Après sa guérison, il change de métier et devient décorateur-étalagiste, il rentre à Lyon aux « Vêtements Bayard » Service Décoration. Il continue sa formation en peinture à l’atelier Galerie Petersen à Lyon ce qui lui permet de participer aux expositions avec les jeunes peintres lyonnais Grandjean, Avril, Ughetto, Marie Jeanne Bourrat, Edna…

Son œuvre est déjà riche, son art est d’abord figuratif, influencé par la peinture lyonnaise.

A la fin des années 60, lors d’expositions collectives de la jeune peinture grenobloise, il rencontre Hervé Carrier et Joël Unal. Cette rencontre est le départ d’un collectif prolifique Carrier-Dody-Unal, un groupe Régional proclamé par autodérision l’«École de Grenoble » . C’est l’époque de la contestation radicale du centrisme parisien, éclosion progressive qui démarre en 1953 à Nice et court jusqu’en 1972. « 20 ans d’art sauvage ».

Ils y retrouvent des noms devenu célèbre (Niki de St phalle, Arman, Klein, le groupe fluxus, Raysse, Viallat et le groupe Support-Surface, Ben, Pagés, Jean-claude Guillaumon…).

A l’actif du groupe 340 œuvres collectives, 61 expositions à la clé, maisons de la culture,( Grenoble, st Étienne, Orléans), Anti Biennale 71 organisée à Paris Otto Hann, salons, galeries, festivals… et usine  (« Mai 68 », sculpture de 7 mètres de haut  réalisée avec des matériaux de récupération dans les établissements Neyrpic-Sogréah en gréve, détruite en 1970 par le comité d’entreprise à majorité CGT).

Les projets réalisés à plusieurs intervenants, successivement, l’objectif est de réaliser une œuvre existante avec rapidité et fidélité.

Ils élaborent de grands environnements, notamment à Grenoble : La piscine de Vaucanson avec un immense montage « Les Baigneurs» ; le  « Radeau Plouf » sur la plage de l’hostellerie du Lac Bleu (Charavines) de Mr Corino ; « Sous Traitance N°2 » : Fresque d’une peinture de jean Dewasne pour le Musée de peinture de Grenoble en 1970 qui restera jusqu’en 1985  (1620 heures, 150 mètres de long, huit mètre de haut, 1144m2…). ; « Carte blanche à » Maison de la culture de Grenoble avec le manifeste de « Shentdal au far-west » ;  « Hommage à la culture » trio de carottes géantes, 4 mètres de haut intègre les collections du Musée de Grenoble.

…  « Cinq ans ensemble , une profusion d’échanges entre nous et avec d’autres groupes… le groupe s’arrête volontairement en juillet 1972, après avoir pris pleine conscience que l’escalade actuelle de nouvelles formes d’idées ne menait en définitive à rien d’autre qu’à la petite volonté de consécration habituelle d’un « personnage artiste », avec les mêmes démarches auprès des même personnages, critiques influents et clients fortunés…Durant ces cinq année très riches en relations et expériences de toutes sortes, nous nous sommes bien amusés … »(J.Unal).

Après le groupe « Dody participe à l’aventure contemporaine, aussi a t’il depuis des années manifesté sa communion avec les créations de la machine dont il a illustré parfois avec humour féroce, les réalisations dionysiaques » (R.Déroudille, critique d’art lyonnais).

En homme passionné, il explore toutes les facettes de ce qui l’intéresse et continue ses séries : , « Déjeuner sur l’herbe »« Promenade au bord de l’eau »1966, « Moby dick »1982, « Le parcours d’un cintre d’or 1986. »«  Robinson Crusoé » , « Alcools » 1998. Il se documente avidement sur les sujets qui l’animent ( lectures, photos,…).

A la retraite, il arrive à La Bâtie Montgascon et poursuit son oeuvre. Grâce à eOle, artiste Batiolane, (Nicole Schmitt), il participe à diverses expositions locales. A partir des années 2000, ses toiles deviennent plus géométriques, humoristiques et il joue des couleurs et des formes avec bonheur. Son ressenti est joyeux et il nous le fait partager dans cette explosion de coloris vifs, de constructions presque enfantines qui témoignent de sa candeur, lui qui a su garder la spontanéité, la générosité, la curiosité de son âme d’enfant.

Il nous a quittés en octobre 2016.